ARCHITECTURE D’INTERIEUR : Interview de Charlène DELORME

 

Charlène, pouvez-vous nous décrire votre beau métier ? 

Le métier d’architecte d’intérieur est très diversifié. Si de prime abord il résonne comme un métier très artistique, la créativité ne représente en fait qu’une partie de mon travail. L’architecte d’intérieur est avant tout là pour accompagner le maître d’ouvrage ( MO, le client ) dans la réussite de son projet sur tous les aspects.

Sa mission première est la conception architecturale, mais il est aussi le trait d’union avec de nombreux  intervenants extérieurs. Les tâches administratives et le relationnel occupent grandement mon emploi du temps :

– rencontrer les interlocuteurs extérieurs ( Mairies / Architectes des Bâtiments de France / fournisseurs…)

– échanger avec les entreprises, partenaires précieux

– gérer les démarches administratives

– appréhender les budgets

– gérer les plannings et coordonner les différents corps d’état lors des chantiers

– mettre en place les documents graphiques et officiels des projets

C’est un métier aux multiples facettes, avec des rôles qui se croisent, surtout en tant d’indépendante.  C’est cette richesse qui me plaît au quotidien.

Je travaille beaucoup pour les particuliers dans le cadre de la rénovation de leur logement mais également pour des professionnels sur des projets tels que l’agencement de cabinet libéraux, médicaux. Mon expérience m’a conduite à repenser et rénover des bâtiments publics comme des écoles, des espaces de séminaires, des commerces .

Quelles sont les principales phases d’un projet? 

Tous les projets, qu’ils soient de petite ou grande ampleur doivent être menés avec rigueur et méthode. Chaque phase a son importance :

1. Analyse du site, du bâtiment existant et ses contraintes. Avec la réalisation d’un relevé de l’état des lieux pour avoir une base juste de travail.

2. Esquisse = libérer l’imagination . C’est à ce stade que la créativité s’exprime. Par le dessin, la recherche de matière et le travail de la lumière , je pose les premiers traits architecturaux. L’esquisse est présentée au maître d’ouvrage sous forme de plans à petite échelle accompagnés de croquis 3D

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3. Estimation du projet pour arriver à une adéquation entre projet et budget.

4. Dossier d’autorisations administratives lorsque nécessaire.

5. Conception = les étapes techniques, aussi appeler DCE ( Dossier de Consultation des Entreprises). Cette phase est souvent longue est minutieuse. Elle requiert une rigueur car elle fait la synthèse de toutes les décisions et réglementations:

* graphiquement avec la réalisation des plans et détails à grande échelle

* rédaction des spécificités techniques appelées CCTP ( cahier des clauses techniques et particulières) pour chaque corps d’état

6. Consultation des entreprises et mise au point des marchés

7. Maîtrise d’oeuvre = le chantier avec en finalité la réception des travaux après plusieurs semaines de terrain.

Comment faire pour qu’une réalisation satisfasse pleinement vos clients? 

1. le MO doit poser son cahier des charges de façon claire et précise. C’est la base sur laquelle le projet va se construire. Il est donc impératif que les besoins soient bien exprimés. L’architecte d’intérieur peut être missionné en complément pour accompagner le client dans ce travail; c’est ce qu’on appelle « Assistance pour établissement du programme »

2. Il faut être à l’écoute des besoins de son client, puis analyser et synthétiser ceux-ci à travers une réponse architecturale cohérente.

3. Prendre le temps de mettre en place les étapes et ne pas céder aux exigences parfois dangereuses et problématiques du « timing trop court ».

4. Accompagner le maître d’ouvrage dans ses choix et faire des propositions pertinentes entre envies / réalités techniques et financières. Le futur lieu doit être à l’image de ses occupants et/ou usagers . Pour moi il est important de savoir adapter son intention architecturale au contexte et non l’inverse.

5. Etre très rigoureuse et réactive

Du projet à la réalisation finale, comment gérez-vous le chantier (artisans, délais, contraintes techniques…)? 

C’est une étape très active sur le terrain, un des aspects que je préfère du métier. Les travaux sont l’aboutissement de plusieurs mois de préparation.

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1. du papier au volume = une bonne préparation = un bon chantier

2. la coordination des entreprises. J’essaie de transmettre l’idée d’une équipe tournée vers la réussite du projet. Les artisans ont des connaissances et moi d’autres et j’estime qu’on va ensemble vers un objectif commun.

3. les aléas techniques. Même si les précédentes étapes ont permis de border au maximum l’exécution, il arrive que des changements doivent être opérés. Il faut être vigilant à ce que ces décisions de modification ne fassent pas « domino » sur le reste des travaux. Il faut être réactif et réfléchi.

4. la tenue du planning . C’est un travail de suivi au quotidien en phase de chantier, souvent éprouvant. Car le bâtiment n’est pas une machine bien huilée mais une aventure humaine avec toutes les qualités et les contraintes que cela suppose. Si tout commencement de chantier est validé par un planning précis et soumis aux équipes, chaque semaine il est nécessaire de vérifier le bon avancement et procéder aux ajustements si nécessaire.

 Durant vos dix années d’expérience, avez-vous une rénovation (agencement) à laquelle vous tenez tout particulièrement? 

Peut-être la 1ère réalisée en totale autonomie : la rénovation d’un appartement sur Lyon 9 avec la conception d’une spacieuse bibliothèque en chêne au cœur du logement. J’ai souvent l’occasion d’y retourner et suis ravie de voir que les propriétaires se sont appropriés les espaces.

Avant…Après

Interview réalisée par Nicolas PRIEUR